Tu étais mon conscrit jour pour jour, à 28 ans près !

Aujourd’hui c’est notre anniversaire. Tu ne souffleras pas tes bougies car tu as rendu ton dernier souffle, huit jours plus tôt. Subitement. Sans prévenir. Même si on te savait fatigué.

Longtemps tu as gardé une allure de jeune homme. Toujours tiré à quatre épingles, ton joli collier en évidence, prêt à répondre à l’appel d’un paso doble, emportant ta cavalière sur une portée de notes d’accordéon.

L’œil vif et le verbe franc, tu ne cachais pas l’essence du bois qui te chauffait. La franchise a ce mérite, elle cimente les amitiés. Je fus témoin d’amis soudés, réunis le samedi autour du fer du même nom, pour donner gracieusement le coup de main des maîtres-ferronniers à leur ami Roland, avant de partager le casse-croute à la maison avec Dédé Pagaud.

Tu as dégusté côté famille. Je me souviens de tes deux fils uniques, Didier, de deux ans mon ainé, mortellement blessé sur la route avant ses vingt et un ans, et Christian son jumeau, qui passa une année avec moi en troisième, très éprouvé lui aussi par cette disparition, et qui partira trop tôt en 2014 après des années compliquées.

Malgré ces épreuves dont souvent tu nous parlas, la plupart du temps tu nous apparaissais solide comme un roc. Mais un roc somme toute érodé par la vie. Encore ces dernières années et ces derniers mois, pendant lesquels tu as rempli sans faille une mission difficile auprès de ta dernière compagne, le sacerdoce des aidants qui tentent de palier les conséquences déroutantes de neurones en perdition.

Tu es aujourd’hui auprès de tes chers enfants. Puissiez-vous apprécier ensemble ces retrouvailles.

Nos condoléances à la famille, Robert son frère, ses neveux et nièces, Céline et sa maman.

                                                                             Patrice ANTHONIOZ.