Adieu à Richard Caseaux

Richard

23/01/1961  –  25/08/2023

Richard appartient à cette classe de conscrits du baby-boom nés en 1961.

Il devient le vingt-trois janvier, le petit frère d’Edith. Son protégé, pour le meilleur et pour le pire, comme on dit en d’autres occasions.

Quoi de plus féérique pour un enfant que de naître au milieu des animaux, baigné dans la nature et parfumé aux senteurs du jardin que sa mère Yvette mettait un point d’honneur à rendre beau et productif.

Richard à la ferme, suit Marcel comme son ombre. Il veut aider son papa, en toute occasion. Et en toute logique, il devient agriculteur.
Son travail le passionnait, les outils modernes du métier aussi, avec une passion particulière pour les gros engins, ses sacro-saints tracteurs.
Le travail était parfois difficile mais Richard avait ça dans le sang.

Il aimait faire de la menuiserie, peut-être par attrait du bois, son côté nature qui le conduisait dès qu’il le pouvait à observer la faune jurassienne.

En 1985 une première chute l’oblige à passer 6 mois en convalescence.
En 2003 une seconde, plus grave, provoque une tétraplégie irréversible, qui signe un bouleversement radical dans la vie de Richard.
Il en est fini des gros tracteurs. Terminé des courses effrénées contre ce temps qui manque sans cesse pour que tout soit en ordre, les traites et les soins qui rythment les journées, l’entretien des prés et des bâtiments, les foins, les tâches administratives. Son corps ne suit plus. Il ne soignera plus.
C’est lui au contraire qui recevra les soins. Ceux des infirmières et du personnel soignant, avec lesquels il révélera une face cachée de sa personnalité : le sens du contact et un certain goût pour les plaisanteries. Ceux de sa sœur aussi, qui fera le choix de venir auprès de lui dans la maison familiale, pour passer du temps, l’accompagner et l’assister aussi souvent qu’elle le pourra, à côté de son activité professionnelle à la pharmacie.

La maison est aménagée. Un ascenseur est installé. Richard troque ses tracteurs contre un fauteuil, puis un scooter. Des véhicules plus modestes en taille mais ô combien utiles pour peu que les voies et accès s’y prêtent. Richard sera d’ailleurs le témoin des possibles et des impossibles, répondant aux consultations du Maire sur les dossiers concernés par l’accessibilité.

Qui n’a pas rencontré Richard, aux commandes de son scooter, souvent accompagné d’Edith, sillonnant les chemins communaux, voire les pistes cyclables du département ?

Il a réussi à relever le défi lancé par son accident : accepter l’inacceptable, faire le deuil de la ferme et de ses passions, se réinventer pour exister, sans se lamenter sur son sort. Richard s’est accroché à la vie.

Il aimait la bonne chair, surtout les desserts…
Il appréciait de pouvoir rencontrer les gens, recevoir des visites, faire la fête avec ses amis. Chaque année il participait à la journée des conscrits, avec des amis d’enfance qui ne manquaient pas non plus de venir en janvier lui faire souffler ses bougies.

L’hiver il fabriquait des maquettes en bois avec à l’honneur, inévitablement, une collection de tracteurs miniature. Les beaux jours étaient réservés aux sorties.

On gardera de Richard le souvenir d’un homme avenant et souriant, qui ne faisait pas état de ses problèmes de santé bien qu’il en souffrit au quotidien.

Ils l’ont pourtant emporté sans crier gare.
Les calins s’en sont trouvés pris au dépourvu.

Nos condoléances à Edith et à la famille.

Richard cet été, lors de la réunion des conscrits dans l'atelier à Gilles