Addio all’amico

Alfred Gianello

1933 – 2025

C’est un ami de la commune qui nous a quitté il y a tout juste un mois. Il s’en est allé discrètement, un dimanche lorsque tout est calme, quand bien-même ses derniers jours ne l’ont pas été. Il avait subi une chute en fin d’année dernière, avec un problème au genou qui l’avait immobilisé à l’hôpital où l’avait rejoint rapidement Lulu qu’il accompagnait jusque-là chaque jour de leur vie commune. Bien qu’affaibli, il m’était apparu confiant fin janvier lors de ma visite, misant sur leur retour prochain au domicile. Lui est revenu à la maison, seul, car il lui aurait été impossible d’assumer plus longtemps son rôle d’aidant. D’autant qu’il dû rapidement mener un nouveau combat face à la maladie qui le priva de pouvoir restaurer une santé devenue précaire.

Alfred était l’ainé d’une fratrie de six enfants dont Fernande, Anselme, Denise, Simone et Robert. Ils étaient les enfants d’Amedé Gianello, issu d’une famille italienne de quatre frères et quatre sœurs, dont l’une habitait à Dampierre les Bois près de Montbéliard et y accueilli son frère vers 1930/1931. A Dompierre sur Mont dans le Jura, Il fit la connaissance de Léon Duval, maréchal-ferrant à Ney, et par son entremise sa belle-sœur Juliette Michaud, future mère d’Alfred.

Amedé était maçon. Et naturellement, les trois fils Gianello apprenaient le métier pour devenir les bâtisseurs qui allaient réaliser de nombreuses maisons à Ney et alentour. Alfred affecta tout de même trente-trois mois de sa vie au service militaire où il était moniteur d’autoécole. Revenu à Ney auprès des siens, il s’installa définitivement dans la trace de son père. Au travail, on ne parlait pas pour ne rien dire, réservant sa salive pour satisfaire aux règles de l’art de la profession.

Dans la vie, c’était pareil. Une discrétion sans doute héritée d’une attitude courante de ses ancêtres immigrés qui préféraient souvent se faire oublier de ceux qui les accueillaient. Surtout ne pas faire parler d’eux, surtout en mal, mais faire de la belle ouvrage, gage d’une belle réputation.

Sueur au travail sans doute dans ces métiers exigeants. Mais Alfred transpirait aussi une chaleur humaine, une bienveillance rassurante pour ceux qui le côtoyaient, une affection sans retenue pour sa famille qu’il aimait recevoir autour d’un barbecue, avec les odeurs alléchantes et les éclats de rire. Les bonnes bouteilles, soigneusement réservées pour ces occasions spéciales, montraient combien il savait célébrer la vie. Conteur hors pair, il aimait partager ses histoires, parler de sa jeunesse, son expérience dans l’armée, faisant sentir à ses neveux et nièces l’ambiance d’antan. Il poussait volontiers la chansonnette pour agrémenter les moments de fête.
Il aimait la nature et initiait les jeunes à la cueillette des champignons, tout comme il leur enseigna en passionné de mécanique et travaux manuels, l’amour du travail bien fait.

Alfred participait avec Lulu aux manifestations dans la commune. Le 11 Novembre avec la choucroute, le repas de janvier, les feux de la Saint Jean, la fête de l’école. A l’hôpital il demandait les nouvelles de la commune. Nous conserverons le souvenir d’un homme gentil et estimé. Comme une destinée liée au prénom italien de son père. Amedé, du latin Ama et Deus, « aimé de Dieu ».

Il a préféré ne déranger personne pour son départ définitif. C’est tout lui.
Nous avons une pensée pour sa protégée aujourd’hui sous la garde d’un Ehpad, et présentons à ses sœurs et son frère, à ses neveux et nièces, nos sincères condoléances.

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