« J’ai eu de la chance, j’aurais dû mourir à la naissance ! »
C’est la réponse de Paul lorsqu’on lui demande la clé de sa longévité. Il a fêté son cent-quatrième anniversaire le 28 octobre dernier, et il est devenu récemment l’homme le plus âgé du Jura. La Commune en a été informée par un administrateur d’un site qui recense les centenaires et liste les doyens des deux sexes par département. Au palmarès des doyens jurassiens il forme un couple avec Louise Couillerot (Gauthier) de Montmorot qui a soufflé cent-six bougies.
Le Maire et le premier Adjoint lui ont rendu visite le vingt novembre à son domicile de la rue des Forgerons, où les attendait Paul et son fils Jean-Pierre domicilié tout près sur la commune à Cize.
Ce qui frappe à chaque fois dès qu’on franchit le pas de la porte, lorsque Paul vient nous ouvrir, c’est sa posture droite, son pas alerte et son verbe haut et clair. On s’assoit, et après les échanges préliminaires, on nous propose l’apéritif. Paul se lève d’une traite, se faufile entre une chaise et le sofa en disant, « bougez pas je suis pas gros », se baisse comme un jeune pour prendre la bouteille de Mac Vin dans le meuble sous la télévision, et revient nous servir.
Passer la barre à cent c’est beau, mais avec une telle aisance c’est rare. Et d’avantage à cent-quatre.
D’autant qu’il a eu des obstacles à franchir avant. Le cordon ombilical, source de vie mais traitre parfois, la guerre et ses obus qui font tomber à côté de soi les copains, l’infarctus qui se termine bien et l’AVC il y a quelques années seulement dont on récupère à cent pour cent. Et on écoute chaque fois avec bonheur l’histoire d’un parcours bien négocié, racontée par l’acteur principal et commentée par son fils, lequel par deux fois est arrivé au bon moment pour sauver son père inanimé d’une fin probable. Une bonne étoile veille sans doute.
Ce qui permet à Paul de vivre à la maison, autonome, faisant la cuisine, son linge et son lit. Il a des aides pour le ménage. Les mots croisés ou fléchés sont une alternative à la télévision qui le tient régulièrement informé de toutes actualités. Il nous a même annoncé qu’une prime était en discussion pour encourager les maires à exercer leurs fonctions. Nul besoin de prime au contact des gens, de leur histoire et de leur expérience. Le lien social est notre essence. En présentiel bien sûr…
Rendez-vous le 10 janvier au Briska M. Petit, si le cœur vous en dit et si la forme vous l’autorise.
